jeudi 30 avril 2009

Phrase du jour

... within the context of the global economy of the moment, the key competitive advantage of the US is a printing press.

Credit bubble again

Résumé du moment actuel par Tyler @ Zero Hedge:
By peddling debt at even cheaper rates than the much maligned Greenspan did during the great initial credit bubble inflation, what is happening right now does not differ one bit from the scenario that brought us here. Attempting to set the basis for a true bull market by Obama would look totally different, most notably the elimination of massive amounts of debt to the pain of existing equity holders. Of course, that would never happen as those very equity holders are the bulk of his voting constituency and what politician cares about doing the right thing instead of getting reelected?

Qui pourrait être en désaccord? L'orgie de crédits bradés est réamorçée. Il est impossible de démêler le nécéssaire dégel de la liquidité en octobre novembre 08, où nous étions au bord de l'implosion financière mondiale, de l'abus délibéré de la presse à monnaie sous influence de Wall Street. Mais: Budi est persuadé que ce qui a fonctionné par le passé ne fonctionnera plus, parce que les participants du cirque financier s'adaptent (ce sont des hommes et non pas des rats). L'année s'annonce chaotique. Violents trous d'air en perspective.

mercredi 29 avril 2009

Allemagne blafarde

Le gouvernement allemand a officialisé aujourd'hui la pire récéssion depuis la seconde guerre mondiale. Berlin table désormais sur une croissance négative de -6% en 2009. Les sombres prévisions du Fmi et de l'Ocde sont dépassées.

Le moteur de l'histoire


... le déséquilibre des comptes externes chinois et occidentaux. Brad Setser construit le graphe utilisant les soldes fournis par le Fmi.

Lecture du jour

Trichet sur la politique de l'ECB. Ayant contrasté les systèmes financiers européens et américains ("the United States has a primarily market-based financial system; in contrast, the financial system of the euro area is largely bank-centred") il explique:
Clearly, while sharing a common purpose, the ECB and the Federal Reserve have relied on different channels of transmission. And as I explained earlier, this is justified by the profound differences in the financial and economic structures of the euro area and the United States. In the context of the euro area, guaranteeing steady access to credit for households and companies largely means preserving the viability of the banking system. Banks play such a dominant role in our economy that it was appropriate until now for our non-standard measures to be implemented through the intervention in and with the active participation of the banks.

Budi confesse de bonne grâce qu'il n'a pas appris grand chose, mais Trichet parait très content de lui, as usual.

lundi 27 avril 2009

La grande bouffe

C'est le titre qui s'impose à Budi lorsqu'il essaye de se représenter le festival de dollars qui, aux USA et ailleurs, seront engloutis en malversations de toutes sortes, commissions, transactions bidons, écarts bid-asks et vols tout court. Cette crise financière n'est pas une crise pour les financiers, mis à part les cobayes du début, Dick Fuld et autres, dont le sort n'inspire pas la pitié, et les éternels gagnes-petit, petites entreprises financières dévastées par les pertes. Le montant de l'orgie est chiffré sur le site créé à cet effet par la CNN. Dernière statistique: 2,7 trillions de dollars engagés sur un total promis de 10,5 trillions. Soit 71,5 % du Pib US de 2008 (14,265 tri). Les autorités publiques ne peuvent pas contrôler l'utilisation de ces gigantesques ressources, et gageons que les conseils d'administration de Wall Street se réjouissent de l'excellente année 2009.

dimanche 26 avril 2009

prévisions du pib


Nouveau tableau comparatif des prévisions de taux de croissance du PIB selon le Fmi et l'Ocde. On observera quelques divergences, la plus spectaculaire relative aux USA en 2009.

la Chine et l'or

Première page du FT:
China has quietly almost doubled its gold reserves to become the world’s fifth-biggest holder of the precious metal, it emerged on Friday, in a move that signals the revival of bullion after years of fading importance.... Hu Xiaolian, head of the secretive State Administration of Foreign Exchange, which manages the country’s $1,954bn in foreign exchange reserves, revealed China had 1,054 tonnes of gold, up from 600 tonnes in 2003.
On annonce depuis quelques mois que l'or devrait pulvériser la barrière des 1000 US$ l'once. Chine, or, cette association explosive du géant des réserves de change, et du métal précieux refuge en temps d'inflation imminente, pourrait elle enflammer le marché? A suivre.

vendredi 24 avril 2009

A visiter

Pour ceux qui aiment s'inspirer du passé pour réfléchir sur le futur. Le site de Doug Short, dshort.com, offre une mine d'études comparatives sur les trajectoires des marchés baissiers. On peut se faire peur en méditant sur la trajectoire du Nikkei comparée à celle du SP500 depuis l'été 2007, que Budi ne peut résister à reproduire.

Doug actualise ses graphiques chaque semaine.

GS maître du NYSE

Budi, et beaucoup de monde, pense que GS est un problème. On sait que l'influence de Goldman sur l'administration US est hors de proportions décentes, bien que, en tant que représentant, Tim "Paulson Lite" Geithner soit moins redoutable que son prédécesseur. On sait moins que la vénérable banque ex d'affaires et désormais vulgairement multi-tâches domine massivement les transactions par programme au NYSE. Tyler de Zero Hedge nous livre régulièrement les chiffres. C'est renversant. Dans la semaine échue le 22 avril, GS a réalisé à lui seul 24% du volume total enregistré (nombre d'actions échangées), et surtout 53% du volume des transactions en compte propre. A noter que GS est une machine de trading propriétaire: les transactions pour compte propre représentent 84% de son volume d'activités par programme. Ce n'est pas une législation anti-trust qui nous fait défaut sur le NYSE, mais une législation anti-GS.

Pour mémoire: les transaction par programmes représentent en avril 2009 - les chiffres oscillent, nous ne disposons que des données hebdomadaires - à peu près 30% du volume total du NYSE.

jeudi 23 avril 2009

Henry Paulson Lite

"Is Tim Geithner nothing more than Henry Paulson Lite, a creature of Wall Street but without the Goldman-Sachs-CEO financial chops? " demande Gary Weiss dans un article qui dresse le portrait déprimant de Geithner. Sans aucun espoir de se faire une opinion de première main, mais au vu des apparitions et discours du Secrétaire au Trésor, Budi pense que la réponse est oui. L'article est un bel exercice d'exploration de la psychologie du pouvoir financier.

Leçons chiliennes

Bloomberg publie aujourd'hui un article célébrant la politique économique chilienne, depuis mars 2006 sous la direction d'Andres Velasco, universitaire renommé parmi les économistes latino-américains. Le Chili a su lucidement profiter du boom du prix du cuivre, de 2003 à la mi 2008, constituant un trésor de guerre permettant aujourd'hui une politique de relance. Le FMI estime que le Chili devrait connaître une très faible croissance (+0.1%) cette année, tandis que l'Amérique Latine sera en récéssion (-1.5%). Budi retient de l'interview de Velasco une déclaration à laquelle il souscrit pleinement: la crise actuelle est le produit d'une “manque massif de régulation sur de nombreux marchés financiers développés au long d'à peu près la dernière décennie".
Il est extrêmement rare qu'un ministre de l'économie s'exprime sans détours et critiquement. Velasco mérite l'éloge.

mercredi 22 avril 2009

Goodwill forever

On sait que le vaudou comptable a quartier libre ces derniers temps. On mesure peut être mal l'étendue du problème, autrement dit la taille de la mystification. Budi lit avec passion le rapport de Disclosure Insight sur le traitement des dommages affectant les survaleurs par les banques US ("goodwill impairments"). Selon la règle comptable FASB142, introduite en 2001, les banques n'amortissent plus les survaleurs inscrites au bilan; en compensation elles doivent évaluer une fois par an les dommages éventuels sur survaleurs et dévaloriser celles-ci s'il y a lieu. Or la majorité d'entre elles ne le font pas. Conclusion de l'étude portant sur les 50 premières banques en termes d'actifs en 2008:
It appears banks are not adequately impairing their goodwill. While market value isn’t necessarily the sole trigger for a bank to impair its goodwill, it is a powerful one. Fully 72% (36 of 50) of the banks we analyzed trade below book with 58% (29 of 50) trading below tangible book. Based on the rules governing goodwill, we expected to find widespread goodwill impairments by banks. That didn’t happen. Rather, our analysis shows that 70% (35 of 50) of the banks we analyzed did not impair goodwill in 2008. Despite a pop in the easy credit bubble, a period during which many acquisitions that generated the goodwill were made, only $21.5 billion (less than 10%) in total goodwill was written down by 15 of the banks in our study.

Trois des 4 zombies (BAC, JPM, WFC) font de nouveau des miracles et ne dévalorisent rien. BAC dépasse les limites du bon sens, avec un ratio "Survaleurs + Intangibles sur Capital propre" de 51%. Le seul bon élève de la bande, si l'on peut se permettre cette gentillesse, est Citibank.

Pertes bancaires: le FMI décerne la palme aux européens

Dernière estimation du FMI au sujet des pertes du secteur financier mondial liées aux actifs sur marchés développés, tableau 1.3 (page 28) du Global Financial Stability Report 2009: total
US$ 4,054 tri, dont 2,470 pour les banques.

On s'attachera plus particulièrement à la décomposition des pertes bancaires par origine géographiques des entreprises, tableau 1.15 (page 70). En incluant les pertes sur marchés émergents, les banques devraient perdre au total 2,810 tri. La palme est décernée aux banques européennes ex-RU: 1,109. Puis nous trouvons les banques US: 1,049 bi, et enfin le RU, avec des pertes de 316 bi.

Equation chinoise

La meilleure statistique chinoise, la seule sécurisée:
Chine = 1 - reste du monde
(courtoisie de la blogosphère)

Paranoïa: Bolloré et la deux

Budi paranoïaque? Hier sur Antenne2, reportage inattendu qui semble venu de nulle part: la Bolivie pourrait devenir riche grâce à l'exploitation de ses réserves de lithium. Aujourd'hui on découvre la main du héros national Bolloré . Selon L'AOF, "la Bolivie a entamé des négociations avec Bolloré, afin de trouver un accord pour l'exploitation du lithium dans le gisement de l'étendue salée d'Uyuni, a annoncé le gouvernement bolivien".

Un beau b...

C'est officiel. Le trésor US, selon lui-même, est, disons le franchement, un bordel. Le procureur Neil M. Barofsky, "Special Inspector General" auprès du Trésor US, fonctionnaire proposé par Bush et confirmé par le Sénat dont la mission est de contrôler et vérifier l'éxécution du programme de sauvetage du secteur financier vient de publier son rapport. Selon le Washington Post,
The 247-page report by the special inspector general criticizes the Treasury Department for failing to adequately oversee the bailout program, which now includes 12 programs that could involve nearly $3 trillion in public and private funds. As of last month, $590.4 billion had already been spent from the $700 billion fund allocated to Treasury by Congress, the report found. The inspector general noted that the bailout office's compliance division has only about 10 employees to oversee 500 financial firms. "The current resource commitment for this vitally important function appears plainly inadequate," the report concludes. The report also says the department has not hired a firm to manage the assets acquired from bailed-out companies nor developed an investment strategy. Barofsky's report raised concerns about potential conflicts of interest and money laundering in the program to buy toxic assets, and renewed his call for the administration to require bailout recipients to report on their use of taxpayer funds.

Il faut se pincer pour réaliser l'énormité du vide démocratique dans le monde d'aujourd'hui: 3000 milliards de dollars jetés en pâture à Wall Street, avec quartier libre.

mardi 21 avril 2009

L'oracle est introuvable

Budi croit que personne ne peut anticiper les mouvements de court terme du marché boursier avec suffisamment de régularité pour mériter l'attention des spéculateurs. Autrement dit, il ne perd pas son temps à lire les commentaires quotidiens des innombrables gérants de fonds et autres journalistes financiers qui manifestent en toute impunité (que risquent-ils en effet?) leur lecture des aruspices. Budi pense toutefois qu'il faut prêter attention aux déclarations de ceux qui, leur gloire justifiée ou non l'expliquant, influencent les marchés (les Soros, Faber, Buffet, Rogers etc...). Ces investisseurs affectent la perception du public et sont dangereux. Enfin Budi s'informe régulièrement du sentiment de quelques professionels expérimentés et instruits, dont la lecture est toujours gratifiante. Ainsi John Hussman, très prudent dans son évaluation du récent rebond boursier:
The current bounce was fueled by a combination of deteriorating but “less bad than expected” economic reports (therefore counting as “upside surprises”), as well as what can only be considered misleading and semi-fraudulent earnings reports from distressed financial companies ...
qui conclut son analyse par une statistique éloquente au sujet des "oversold bounces", soit des rebonds qui suivent des situations survendues. Selon Hussman, on retourne en général à la case de départ. Crash dans les six prochaines semaines? A suivre.

Bilans bancaires, la grande illusion

Pourquoi est-il très difficile de prendre au sérieux les bilans bancaires aujourd'hui? Parcequ'ils sont la manifestation de fictions ponzi, où, au mieux, il est impossible de vérifier les allégations des sociétés financières au sujet de la valeur de la majorité de leurs actifs pour lesquels il n'existe pas de marchés stables et réguliers, et où, au pire, on demande au public de croire sur parole les déclarations des dirigeants. C'est la civilisation du bazar: on raconte ce que l'on veut, l'important est de de vendre et donc de convaincre. A preuve: Disclosure Insight publie un édifiant rapport sur les 50 banques US les plus importantes en termes d'actifs (données de décembre 2008):
Across the 50 banks we analyzed, $2.74 trillion is categorized as Level 1, 2, and 3 assets. Level 2 assets equal $1.48 trillion of the total, or 53.9%. Level 3 assets total $259 billion, or 9.4% of the total. The methodologies banks use to value these sizable Level 2 and 3 asset bases are typically opaque, leaving investors highly vulnerable to the judgments and representations of management. These 50 banks also hold $4.76 trillion in loans, net of $130.8 billion in allowances for loan losses (2.7% of net loans). Despite the “Great Recession”, out of our group of 50 banks, allowances as a percentage of loans range from a paltry 0.2% to 4.7%.

Rappel: les actifs de niveau 2 et 3 sont ceux qui sont "marked to model", ou plus exactement "marked to myth". Souvenons nous de l'énorme différence que peut faire le choix entre un taux d'actualisation de 2 ou de 3% dans un modèle DCF, et concluons que nous sommes désormais du côté de la grande illusion.

L'économie française 2009 - 2010

L'OFCE publie ses Perspectives 2009-2010 pour l’économie française, moins déflationnistes que celles de l'OCDE (rapport intermédiaire de mars 2009). Petit résumé comparatif:


Rappelons que selon l'Ocde la zone Euro devrait connaître une contraction de son pib de -4.1% en 2009 et de -03% en 2010, et des taux de chômage de 10.1 et de 11.7% respectivement.

lundi 20 avril 2009

Eddie, Buiter, Gordo

Eddie George, gouverneur de la Banque d'Angleterre de 1993 à 2003, est mort hier. Buiter, qui a travaillé avec lui en tant que membre externe du MPC à partir de 1997, publie sur son blog un bel article consacré à George. Budi recommande sa lecture. On y trouve une description de premier ordre des processus réels de prise de décision des banques centrales. Buiter rappelle finalement la responsabilité de Gordon "gordo" Brown dans la récente cacophonie anglaise qui a mené à la piteuse situation financière du RU que l'on connait:
... any Governor of the Bank of England would have had to live with the fact that regulatory and supervisory responsibilities had been stripped from the Bank of England when it became operationally independent for monetary policy in June 1997. Eddie George strongly opposed this decision. Any Governor would have had to work with the dysfunctional Tripartite Arrangement for financial stability between the UK Treasury, the Bank of England and the FSA - the brain child of Gordon Brown and his advisers. Any Governor would have had to cope with a deposit insurance scheme that did not work and with the complete absence of a Special Resolution Regime for dealing with near-insolvent banks.

On ne saurait mieux dire. Gordo, celui qui se déchaîne contre le paradis fiscal helvète (bien secondé il est vrai par son homologue français), oubliant au passage l'île de Man et autres joyaux antillais de la couronne, entrera dans l'histoire, espérons-le, comme l'un des plus piètres chancelier de sa majesté.

Lecture obligatoire: Rogoff Reinhart

Le bref et déjà fameux compte-rendu de Rogoff et Reinhart, The aftermath of financial crisis, est indispensable pour mettre en perspective historique l'actuelle réc(dépr?)ession. Pas de panique, les auteurs sont très académiques, mais cette fois c'est facile et divertissant.
An examination of the aftermath of severe financial crises shows deep and lasting effects on asset prices, output and employment. Unemployment rises and housing price declines extend out for five and six years, respectively. On the encouraging side, output declines last only two years on average. Even recessions sparked by financial crises do eventually end, albeit almost invariably accompanied by massive increases in government debt.

samedi 18 avril 2009

Agenda chinois: swaps

La fin annoncée de l'hégémonie du dollar se poursuit. L'empire du milieu a finalisé le 31 mars dernier un accord de swap de 70 milliards de yuans avec l'Argentine. Les journalistes de Reuters ont fait les comptes:
The PBOC has signed six bilateral currency swaps in recent weeks, totaling 650 billion yuan ($95 billion). The other five central banks that have signed agreements with the PBOC since mid-December are South Korea, Malaysia, Indonesia, Hong Kong, and Belarus.

L'importance de ces accords ne saurait être sous-estimée. L'objectif de moyen terme semble celui de développer le rôle du Yuan en tant que monnaie convertible, affaiblissant ainsi le rôle du dollar US dans les échanges avec la Chine. Mauvaise nouvelle pour les USA, dont on connait le besoin en financements chinois.

Qui est Obama (2)?

Dans la série "qui sont les maîtres du monde?", une lapidaire et très précise description du président de la décadente puissance yankee (Lexington, The Economist)
an Ivy League-educated lawyer who became a community organiser before launching a political career in one of America’s most cosmopolitan and corrupt big cities, Chicago

vendredi 17 avril 2009

Ratio Profits/PIB


Ratio profits des entreprises / PIB US depuis l'après guerre. Les périodes de récession sont en gris. Il reste du chemin à parcourir.
(courtoisie Zero Hedge).

Le FMI le dit

Le World Economic Outlook d'avril du FMI (chapitres 3 et 4, il faudra attendre pour avoir les deux chapitres précédents) sort du four. Pas de quoi s'enthousiasmer sur les bourgeons de printemps , green shoots, qui font les délices de la presse anglo-saxonne depuis quelques jours.
...the current recession is likely to be unusually long and severe and the recovery sluggish.However, strong countercyclical policy action,combined with the restoration of confidence in the financial sector, could help move the recovery forward.

Lecture obligatoire du jour: Joe frappe fort

Joe Stiglitz
Les économistes en tant que profession font pâle figure dans le débat public au sujet de la crise mondiale. Budi, membre de la corporation, observe que les ténors de l'académie sont presque tous remarquablement muets. Pour la plupart chantres des vertus indépassables des mécanismes autocorrecteurs de marché, le retour du réel ruine leur fonds de commerce idéologique. Joe Stiglitz est un des rares économistes de classe mondiale, à s'exprimer régulièrement, et durement. Sa dernière contribution frappe fort:
The Obama administration’s bank- rescue efforts will probably fail because the programs have been designed to help Wall Street rather than create a viable financial system...

la dérivée seconde que le marché aime

Budi est lecteur abonné du blog de Macroman. Il apprécie le partage de son expérience de banquier d'investissement, mêlé d'irrévérence cynique. Macroman s'attardait hier sur la corrélation entre cyle boursier et chiffres de l'emploi mesurés chaque semaine aux USA, les IJC ("Initial Jobless Claims", les demandes nouvelles d'allocations chômage):
As for a cyclical measure, Macro Man likes to use jobless claims. They are high-frequency and represent the sort of second derivative, rate-of-change datapoint that the market seems to love.
Il se trouve que les chiffres publiés hier traduisent une amélioration relative de la situation:


Peut on en inférer, comme les médias financiers de masse le martèlent, que nous aurions atteint le nadir boursier le 9 mars dernier? Budi en doute. Le secteur financier au sens large, banques, services financiers et assurances, a encore de graves problèmes devant lui, en particulier la débâcle imminente de l'immobilier commercial. Ainsi General Growth Properties, GGP, vient de demander protection selon le chapitre 11 de la loi sur les faillites ( GGP est le second propriétaire de centres commerciaux aux USA selon le FT).

jeudi 16 avril 2009

ICBC à la conquête du monde

Budi pense qu'il faut le savoir pour comprendre la monde post implosion américaine: la première banque mondiale en termes de dépôts est maintenant l'ICBC, Industrial and Commercial Bank of China, basée à Hong Kong.
By March 31st 2009, the deposits of ICBC have exceeded RMB 8.9 trillion (over 1.3 trillion U.S. dollars), over RMB 950 billion more than that at the beginning of the year, and have surpassed its peers in Europe, the US and Japan, becoming the largest in volume for deposit among the globe's banks.

Agenda chinois

Le Bureau National des Statistiques de Chine annonce aujourd'hui un taux de croissance annuel du PIB chinois de 6,1% pour le 1er trimestre. C'est le plus faible taux d'expansion depuis celui du 4ème trimestre 1999, et traduit une forte décélération par rappport à l'année 2008, qui enregistra un taux de 9%. Rappelons que les données officielles chinoises sont notoirement sujettes à discussion.

Les banquiers vus par eux mêmes

"Des anciens banquiers mécontents s'expriment", voilà la traduction plus ou moins libre que Budi suggère pour la collection d'essais Grumpy Old Bankers que le Centre for the Study of Financial Innovation publie. Dubi n'a pas lu le livre et ne le lira pas. Les exercices en mortification des maîtres du monde à la retraite ne l'intéressent pas vraiment, des lectures plus appétissantes sont au programme. C'est un article du FT qui attire son attention sur la publication, d'où il extrait cette lucide description de l'attitude collective de la profession (E. Rotberg):
We respond to peer pressure. We deny blame or responsibility. We design performance measures to cover up error
Qui dira mieux?

mercredi 15 avril 2009

décembre 2009 manque à l'appel

Ainsi vont les comptes dans le monde des fictions ponzi: les possibilités sont infinies. Budi soupçonnait que l'univers de la finance est magique. Il est heureux de le confirmer.
What happened in the financial markets in December? The numbers that have trickled out reveal that it was a rough month at both Goldman Sachs and Merrill Lynch, but it’s exceedingly hard to tell why.

Wells Fargo et son ami comptable

Budi est moins passioné par Wells Fargo que par GS. Toutefois, s'agissant de l'un des quatres zombies de l'apocalypse, et considérant que l'annonce, la semaine dernière, de profits inattendus, a contribué significativement à l'embellie boursière mondiale, on prêtera attention à la magie comptable mise à profit par WFC:
It appears, however, that as much as nearly one-third of the bank’s first quarter earnings may be nothing more than the result of an accounting treatment

GS et son ami AIG

Budi est passioné par la saga bancaire mondiale. Une crise de l'ampleur actuelle, révélatrice de l'état de notre civilisation, est un grand spectacle de fureur et destruction. Goldman est en particulier exemplaire de par sa position largement dominante sur les marchés financiers et au sein de l'administration économique US. Budi suit à la trace GS, ce qui donne pour aujourd'hui (courtoisie Zero Hedge):
Peter Fisher, managing director of BlackRock ... states in a Bloomberg interview that Goldman's first quarter trading profit is non-recurring in nature, and believes it was mostly due to AIG unwinds ...

La concurrence n'est pas tendre avec les profits goldmanesques.

mardi 14 avril 2009

lecture obligatoire

Une belle contribution de Richard Koo (Nomura): The Age of Balance Sheet Recessions: What Post-2008 U.S., Europe and China Can Learn from Japan 1990-2005. A lire impérativement par tous ceux qui veulent comprendre où on en est. Koo présente la mécanique de la déflation par la dette au Japon et en tire les leçons (Irving Fisher, le contemporain de Keynes, en a établi la théorie dans les années 1930).

la classe oeuf-poule

Budi assiste angoissé au développement d'un débat absurde sur les prolégomènes de la récession. Tout le monde sait que le moteur désormais en panne de la croissance mondiale de ces dernières années était la consommation des ménages US, permise par un formidable accroissement de la dette de ces ménages. L'orgie américaine provoquant un déficit des transactions commerciales US (la croissances des importations américaines n'étant pas accompagnée et de beaucoup par celle des exportations), c'est la Chine qui bénéficiait en retour d'un énorme excédent de ses comptes externes. Bien entendu, pour exporter il faut produire plus que l'on ne consomme. Donc le Chinois ne consommait pas, il épargnait. Le taux d'épargne de la RPC est de fait très important. Le débat, teinté de nationalisme imbécile, devient donc: l'américain consommait-t-il trop ("America's overindebtness") ou bien le chinois épargnait-il-trop (la "savings glut thesis" chère à Bernanke)? Budi pense que cette controverse est de la classe oeuf-poule.

Oops ... retour du réel

Les ventes au détail ont enregistré une baisse-surprise de 1,1% aux États-Unis en mars, notamment sous l'effet de la chute des ventes d'équipements électroniques. Economistes et analystes anticipaient en moyenne une hausse de 0,3% des ventes au détail le mois dernier (copy and paste from Boursorama)

Les maîtres du monde ne déçoivent jamais


Les résultats de Goldman Sachs pour le 1er trimestre, vous savez, GS "maitres du monde", sont extraordinaires en première lecture: EPS de 3,39 US$ (le consensus des analystes était de 1,64 en moyenne), ROE de 14,3%; un profit de 1,81 bi pour un revenu trimestriel total de 9,43 bi. Mais il faut y regarder de plus près. Une perte de 780 millions en décembre, soit 2,15 par action, est passée aux oubliettes, lors de la métamorphose de GS de banque d'investissement en banque tout court. GS a simplement décidé de modifier son calendrier comptable (le 1er trimestre courant de janvier à mars et non plus de décembre à février) quand il perdait gros ... Ce qui nous ramène en bonne logique à un EPS de 1.24. Ensuite toutes les rubriques de revenu, sauf celle relative aux revenus de trading sur titres de revenu fixe, monnaies et matières premières (FICC en anglais), ont un produit inférieur à celui du 1er trimestre 2008. Enfin GS enregistre une perte de 1,41 bi sur ses investissements propriétaires. Bref, qu'en penser? Le marché adore. Budi croit qu'un raisonnement plus subtil s'impose, et trouve un bon point de départ avec le commentaire de Mynian Peter. Rien de tel qu'un peu d'intox et de comptabilité créative quand on décide de placer 5 milliards (US$) d'actions.

dimanche 12 avril 2009

Mussa l'optimiste

Le très respecté Michael Mussa (extrait de sa contribution au 15th Semiannual meeting on Global Economic Prospects, 7 avril 2009):
Aided by substantial policy stimulus, growth in the Chinese economy should begin to accelerate in the first half of 2009 and the US recession should bottom out around mid-year with recovery accelerating to about a 4 percent annual rate by the fourth quarter. Recoveries in other countries will likely lag a little behind those in China and the United States. But, aided by a bounce-back in global trade from its recent extraordinarily sharp decline, the world economy generally will be in recovery by year-end. Then we will observe, as we have many times before, the Zarnowitz rule: Deep recessions are almost always followed by steep recoveries.

les 4 zombies de l'apocalypse?


L'état réel du secteur bancaire US? Si l'on en juge par l'évolution du spread des CDS à 5 ans des 4 grandes depuis juillet 2008 la réponse est inéquivoque. La tendance est parabolique. Voila pourquoi on parle de morts-vivants. Ceci est très inquiétant et semble sous-estimé par les commentateurs du marché, qui exultent devant la reprise boursière des dernières semaines (depuis le nadir du 9 mars, SP500: +26,61%, Eurostoxx: +22,77%).

vendredi 10 avril 2009

la taille du désastre

Il faut garder à l'esprit les prévisions les plus récentes de l'Ocde et du Fmi (mars 2009) pour mesurer la taille du désastre annoncé. Le Fmi est plus optimiste que sa consoeur. En 2009 l'économie des USA devrait connaitre une croissance négative de -2,6% (Fmi) ou de -4% (Ocde), celles de la zone Euro de -3.2 (Fmi) ou -4,1% (Ocde), et l'économie du Japon de -5,8 (Fmi) ou -6,6% (Ocde). Du côté positif: la Chine avec une croissance prévue de 6,3 (Ocde) ou 6,7% (Fmi) et l'Inde avec des taux de 4,3 (Ocde) ou 5,1% (Fmi).

lecture obligatoire: Joe et l'ersatz-capitalisme obamien

Joe Stiglitz nous livre ses réflexions sur le plan Geithner (PPIP, Private Public Investment Program), la soi disant panacée obamienne pour ressusciter les cadavres bancaires:
Treasury hopes to get us out of the mess by replicating the flawed system that the private sector used to bring the world crashing down, with a proposal marked by overleveraging in the public sector, excessive complexity, poor incentives and a lack of transparency.

Lecture obligatoire. Budi n'a rien appris de nouveau, mais savoure la clarté de l'exposition.

Fondamentaux boursiers 2



Le site Chartoftheday poursuit son effort pédagogique destiné aux spéculateurs. La chute des résultats des entreprises du SP500 est extrêmement brutale depuis le début de la présente récession, la plus brutale parmi toutes celles qui ont accompagné les récessions du passé. Cette contraction est un important facteur d'explication de la profondeur de la correction boursière depuis la mi 2007.

jeudi 9 avril 2009

Vive le contribuable version Geithner 2

Mike (Rortybomb) fait vraiment du bon boulot. Lecture indispensable: comment la collusion tacite entre banques pour se racheter mutuellement les actifs pourris sera au débit de la FDIC. Geithner (le ministre des finances de l'ami qui vous veut du bien) fait lui aussi du bon boulot pour les compagnons de Wall Street. La tactique du renvoi d'ascenseur est vieille comme le monde, les financiers d'aujourd'hui ne font que l'habiller à la mode du jour.

Fondamentaux boursiers: la débâcle




Courtoisie de Chart of the Day. Si l'on croit que les valorisations boursières dépendent avant tout des fondamentaux, la débâcle est justifiée.

mercredi 8 avril 2009

dilemme du banquier

Budi propose de modéliser le comportement des banques quant à leurs bilans à l'exemple du dilemme du prisonnier. Deux banques ont commis un crime social: accumuler des actifs pourris. Toutes deux ont le choix entre révéler ou non la vérité de leurs pertes à leurs bilans. On connait la réponse de la théorie des jeux: aucune ne dira la vérité. Dubi pense que nous avons ici une explication plausible de l'opacité de la situation actuelle.

dimanche 5 avril 2009

MtM

L'acronyme MtM, "mark to market", effectue sa mue en "mark to myth" depuis le 2 avril, date des nouvelles recommandations de la Fasb, organisme comptable US. William Buiter fournit les détails sur son blog. Si la généralisation de la pratique mark to market n'est pas à exempter de possibles critiques, son adoucissement brutal en période de profondes perturbations financières est plus que douteux. Il est clair que la Fasb a été soumise à de fortes pressions de la part de l'association professionnelle des banquiers US et du législateur au parlement. Les manipulations comptables sont de nouveau à l'ordre du jour. Rien n'empêche d'y voir la raison profonde de l'euphorie boursière de jeudi dernier. On vous ne le répétera jamais assez: la finance est un monde formidable. On peut s'attendre à un bond des résultats d'exploitation des grandes banques littéralement en faillite (Citi, JP Morgan Chase, BankOfAmerica etc...) lors du prochain trimestre.

samedi 4 avril 2009

Qui est Obama?


Réponse: Budi ne comprend rien.
Il est d'abord très sympathique, il est métis, il sourit beaucoup, il est "cool", les gamins bien élevés l'adorent, Sarkozy (enfin sur la photo avec Barack) parait énervé à son côté.

Et aussi:
il semble insaisissable, téflon, savonette. Il a choisi une équipe économique douteuse (hmmm..., Goldmann Sachs aux commandes, Summers, Geithner, dette de campagne électorale? Wall Street est fermement retranché parmi le staff). Il court s'offrir à l'Iran qui lui répond comme prévisible (si tu te conduis bien on verra ...). Il se montre incapable de mettre de l'ordre dans le Congrès (rappelons nous les discussions de maquignons lors du vote du plan de relance).
Bref, à suivre. Budi est pour l'instant perplexe.

Vive le contribuable version Geithner

La créativité des "ingénieurs financiers" est inépuisable. La blogoshère est heureusement (pour l'instant) impitoyable. Ce n'est pas dans votre journal financier favori mais sur le net que vous comprendrez comment Geithner va b... le contribuable US avec son plan de rachats d'actifs toxiques, à la délectation des banques et gérants d'investissement. Consultez Nemo ou Mike. La clef ce sont bien évidemment les prêts "non-recourse" du FDIC qui permettent un levier de 6 lors de l'achats des actifs pourris, et le probable comportement de collusion des banques lors des enchères. A suivre avec attention.

agenda

(budi consigne ici ce qui est important)
Dollar, le début de la fin au pays du carnaval?
Lula propose à la Chine un échange commercial sans passer par le dollar

jeudi 2 avril 2009

civilisation

mercredi 1 avril 2009

lecture du jour

Attali ne m'est pas très sympathique (son côté "m'as tu vu" comme on dit en Helvétie). Attali est très intelligent. On lira avec profit - il est interrogé par Les Echos - une lucide analyse prospective du G20 . Recommandé.

ouverture

La littérature économique a consacré Ponzi, l'escroc du début du siècle passé. Depuis on a fait beaucoup mieux en matière de pyramides. En attendant la canonisation de Madoff, on en restera pour ce blog au schéma Ponzi, essence de la spéculation, donc de notre époque.